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avril 26, 2012

La peur de l’engagement version féminine

par meriza joly

On connait tous des femmes qui semblent avoir  tout ce qu’il faut pour être en relation mais qui sont  célibataires depuis fort longtemps. Elles ne manquent pas d’occasions, elles ont un ami intime mais rarement une relation stable. Quand elles font une nouvelle rencontre, la passion et les frissons sont au rendez-vous mais l’histoire se termine souvent avec un: « Oui, mais…»

La peur de l’engagement:  version rose

En général, dans la croyance populaire, les hommes ont peur de l’engagement et  les femmes  recherchent toujours une relation sécurisante, stable et sérieuse. L’anthropologie nous dit même que puisque la femme porte et prend soin des enfants, sa meilleure stratégie de survie sera toujours l’engagement. Quand une femme est seule depuis longtemps, on se demande ce qui cloche chez elle et avec le temps,  c’est elle-même qui se pose cette question.

Pourquoi les femmes ont peur de l’engagement?

La peur de l’engagement peut provenir d’expériences antérieures douloureuses:

  • Le divorce difficile des parents;
  • Une rupture qui s’est mal terminée;
  • Une relation antérieures empreintes de violences;
  • Un problème de santé physique: dyspareunie (douleur au niveau de la vulve lors de la pénétration), une ITSS (Infection Transmissible Sexuellement et par le Sang) qu’on a pas envie de révéler comme l’herpès;
  • Un viol ou de l’inceste dans l’enfance qui compliquent la sexualité;
  • La peur d’avoir mal, d’être abusée, trompée;
  • Etc.

Quand la peur de l’engagement est un automatisme inconscient, elle peut se manifester sournoisement de plusieurs façons:

L’auto-sabotage et les manifestations de la peur de l’engagement:

  • Auto-sabotage amoureux  version féminine: s’inventer un idéal parfait qui n’existe pas;
  • Repousser les prospects ou le nouvel amoureux, en se plaignant ou en étant franchement désagréable;
  • Perte de la libido: pour éviter d’être vulnérable, pour se protéger;
  • Auto-sabotage en négligeant son apparence, son poids : l’image de soi devient négative et la personne ne se sent plus désirable;
  • Repousser l’autre pour: protéger ses habitudes, ses secrets et ses manies;
  • Ne pas s’investir en manifestant peu d’intérêt à l’autre;
  • En ne portant attention que sur les aspects négatifs de l’autre;
  • Etc.

L’auto-sabotage peut aussi provenir des divers messages véhiculés dans la publicité. En effet, si on suit les messages publicitaire, nous, les consommateurs sommes des êtres qui ne méritons que ce qu’il y a de mieux.  On ne devrait pas se contenter de miettes ou de demies-mesures. L’autre devrait être toujours prêt et l’intolérance à l’imperfection est devenue légitime. Le «Je le mérite bien!» n’est plus un but à atteindre, mais une loi à respecter. Ce que j’exige n’est rien de moins que le meilleur.

Plusieurs mythes concernant les relations amoureuses parsèment d’embûches la recherche amoureuse. L’idée que si l’amour véritable existe dans un couple:

  • Il n’y a pas de conflits;
  • La sexualité est  facile et satisfaisante instinctivement;
  • Je n’ai pas besoin de demander ou d’expliquer rien, on se comprend à merveille.

Il est bon de se questionner à savoir si on n’entretiendrait pas une vision irréaliste de l’amour. La peur de l’engagement est reliée de près à la peur de l’intimité, à la peur de montrer ses imperfections ou ses vulnérabilités. Être intime, c’est aussi montrer son humanité.

Malgré cette peur bleue de l’engagement, les besoins affectifs et les besoins sexuels des femmes ne disparaissent pas pour autant. Une femme peut avoir peur de l’engagement et avoir des envies et des pulsions sexuelles normales.  Pour certaines, la recherche constante de nouveaux partenaires offre un moyen efficace pour éviter la détresse que peut causer la peur de l’engagement  et permettre un semblant de vie amoureuse socialement acceptable. Cependant, la multiplication des aventures comme antidote à la phobie de l’engagement ne comblera jamais les besoins affectifs profonds.

La base de l’intimité sous-tend l’ouverture et la révélation de soi. Cet enjeu minimal peut se révéler être un facteur anxiogène extrême.  Reconnaître ses peurs reliées à l’engagement et accepter qu’il y ait une période d’inconfort en début de relation est le premier pas à franchir.  Perdre ses repères habituels est un exercice périlleux mais nécessaire pour passer à un engagement profond et durable.

Là où jadis la femme érotisait  le mystère, l’inconnu, la nouveauté et à la limite le danger, elle doit trouver de nouvelles façons d’investir érotiquement son partenaire amoureux. Érotiser l’amour, la stabilité et le quotidien amoureux. Reconnaître sa fragilité et se rappeler que l’engagement, on le fait à soi-même  avant tout.

Mériza Joly   M.A.
Sexologue Psychothérapeute