Archive for ‘estime de soi’

août 27, 2013

Le Féminisme Pro-Sexe

par meriza joly

Le féministe pro-sexe

Je travaille en sexologie clinique depuis quelques années et ma clientèle représente les différents groupes de la société: LGBT, hétéros, couples, bref monsieur et madame tout le monde. Souvent, le discours de mes clients est teinté de honte et de gène par-rapport à leurs préférences et leurs habitudes sexuelles même lorsque ces pratiques se font dans des relations consentantes et égalitaires. Cet inconfort est souvent issu de la dictature du « sexuellement correct » ambiant.

Le féminisme pro-sexe est défini comme suit par Ovidie:

Le féminisme pro-sexe part du principe que les femmes doivent s’assumer en tant que femmes et non en imitant les hommes, et qu’il est important de déculpabiliser leur rapport à leur corps. Et dans ce sens, la question du sexe positif  et de la pornographie est centrale, et les métiers du sexe ont donc un rôle à jouer pour que les femmes s’amusent sexuellement. Le sexe, c’est important; on ne peut pas espérer une société égalitaire là où il y a répression du sexe. 


Je respecte le droit des autres à consentir ou non à des activités sexuelles;

Je respecte le droit et le choix des autres quant à leur orientation sexuelle, leur identité de genre, leurs pratiques sexuelles,  le nombre et leur choix de partenaires;

Je respecte le droit des femmes et des hommes à offrir volontairement des services de nature sexuelle contre une rétribution financière et le droit pour quiconque de retenir ces services dans le respect, la dignité et en toute sécurité;

Je supporte les femmes qui font de la pornographie devant ou derrière les caméras.

Je suis une sexologue féministe pro-sexe 

Dans une relation légale et consentante, le droit à la liberté sexuelle ou amoureuse est une composante essentielle à la santé mentale d’une société. Faire de son corps un objet de plaisir est une décision personnelle qui ne regarde que les personnes concernées. Dire à une femme qu’elle joue le jeu des hommes et qu’elle est une victime inconsciente de la prostitution est une insulte au libre choix. Dans plusieurs pays, les jeunes filles et les jeunes garçons sont monnayés tels des objets afin de répondre à des demandes en tourisme sexuel pédophile ou non. Doit-on pour autant criminaliser les personnes qui choisissent volontairement de faire ce travail?

L’homophobie, la lesbophobie, la transphobie et la putophobie  sont des attitudes qui contribuent et encouragent la violence envers les femmes et les groupes minoritaires.

Quand on voit la vidéo où les Femen poussent brutalement hors de scène une jeune performeuse au salon de l’érotisme, en criant « va te faire violer », elles se révèlent tout aussi violentes envers les femmes que les extrémistes religieux, les fachos, les machos, les puritains et autres intolérants. La pire menace pour les femmes c’est quand d’autres femmes se sentent légitimes pour les violenter physiquement au nom de leur soi-disant « libération » Émilie Jouvet (1)

L’usage du mot « exploitation » pour qualifier une relation pornographique est un abus de langage qui sert à détourner l’attention, réglementer ou interdire.

Dans les dernières décennies, plusieurs groupes de femmes qui défendent des idées parfois totalement opposées, se disent féministes.  On enseigne le féminisme à l’Université, le discours est de plus en plus savant et parfois, il est radical. Au lieu de rapprocher les femmes entre elles, certaines  positions sont irréconciliables et nous confrontent les unes aux autres. Par exemple: être une femme et aimer le porno, travailler dans l’industrie du sexe et y prendre plaisir sont des sujets tabous sévèrement critiqués par certaines. Cette intransigeance exclue et marginalise des femmes qui ne se sentent pas acceptées comme elles sont. Le résultat est que plusieurs femmes abandonnent le bateau car elles ne s’y reconnaissent pas ou sont dépassées par la diversité des positions.

J’hallucine quand un homme en santé réagit aux atouts féminins et qu’on invoque la culture du viol. 

D’un côté, les médias disent aux femmes comment être belles, charmantes et désirables, de l’autre on voudrait que les hommes n’y répondent que passivement sinon, on les accuse d’être des pervers ou des violeurs en puissance.  Placer le sociologique devant le biologique est un discours stérile. On parle de réactions physiologiques normales et voulues dans certains cas. Ça ne se contrôle pas. Invoquer la culture du viol dans ce cas précis et mettre tout les hommes dans le même panier est un raccourci intellectuel injuste qui témoigne d’un manque de sensibilité et d’une grande irresponsabilité envers les femmes, les hommes et les vraies victimes de violences sexuelles. Certains hommes sont harceleurs, ils ne savent pas complimenter, ils ne comprennent pas la limite à avoir et ce sont ces hommes qu’on veut atteindre. Au lieu d’accuser les hommes en bloc, certaines nuances devraient être explicitement nommées pour s’attaquer à des comportements précis. Le bien-être et l’harmonie entre les sexes ne s’en porteraient que mieux. Nier l’impact du sex-appeal d’une femme et les réactions masculines physiologiques normales entretient un fossé aliénant tant pour les femmes entre elles que les femmes envers les hommes.

…la lutte contre le viol, c’est éduquer nos enfants au consentement, pas empêcher nos filles de se mettre en jupe ni de faire ou de regarder du porn. (1)  -Émilie Jouvet

Une liberté d’expression à deux vitesses:

À moins de se censurer, un homme doit être brave et courageux pour oser parler publiquement de sa réaction et ses impressions à la vue d’une femme sexy. Un peu comme si ce terrain n’appartenait qu’aux femmes… Nier le droit aux hommes d’aborder équitablement le sujet est anti-féministe. Le féminisme à la base n’est-il pas une volonté d’égalité entre les femmes et les hommes?

Pour moi, être une sexologue féministe pro-sexe va au-delà de la tolérance, c’est une attitude inclusive qui reconnaît et accueille la diversité de la race humaine et le droit de disposer de son corps.

PS Si vous souhaitez lire davantage sur le sujet et alimenter votre réflexion, voici 4 articles intéressants

1. Les Femens sont des machos qui s’ignorent

2. Le pouvoir des sexologues et la démocratie sexuelle

3. L’Institut Simone-de-Beauvoir intervient à la Cour suprême du Canada à propos des lois sur la prostitution

4. Sex positive feminism

(C)  Mériza Joly Sexologue Clinicienne

juin 28, 2012

La dysmorphie: beauté et laideur imaginaire

par meriza joly

Ce n’est pas un secret pour personne, dans notre société axée sur le visuel, bien paraître est un avantage indiscutable et certaines n’hésitent pas à aider Mère nature dans la quête de la beauté et de la jeunesse éternelle. Nous souhaitons être belle et agréable à regarder. Selon certaines études, les gens ont même souvent tendance à penser qu’une belle personne est aussi une personne gentille. Lorsqu’on regarde les images de  femmes rendues extraordinaires et magnifiques dans les revues ou à la télé, on oublie facilement les retouches et l’équipe de maquilleuses, d’habilleuses et de coiffeuses autour du modèle alors on se juge parfois durement de ne pas arriver à être aussi éblouissante nous aussi…

Cette obsession de la perfection est souvent entretenue par la publicité qui nous tyrannise sans cesse. On le sait, une des tactiques des publicitaires est d’élever le niveau d’anxiété chez les consommatrices et d’offrir ensuite «Le» produit miracle.

L’angoisse de la beauté peut atteindre certaines personnes avec plus d’impact que chez d’autres. La dysmorphie ou la laideur imaginaire, est une phobie qui touche environ 2% des adolescentes et des jeunes femmes. Lorsqu’elle ces femmes se regardent dans le miroir, elles ont la terrible impression que quelque chose cloche chez elle. Nez trop long, oreilles trop courtes, seins trop petits, pas assez fermes, etc. Elles ont souvent beaucoup de difficulté à dévoiler leurs corps même en temps de canicules et évidemment, elles préfèreront vivre leur sexualité à la noirceur. Pour elles, magasiner des nouveaux vêtements est un calvaire. On retrouve plusieurs femmes atteintes de dysmorphophobie dans les cliniques de chirurgie esthétique. Le hic c’est que même après une opération, il y aura un nouveau  problème chez elles. La tension qu’elles vivent est difficilement soutenable. Certaines chirurgiens plus consciencieux peuvent les envoyer consulter en psychologie mais d’autres vont profiter de cette maladie sans scrupule.

En mai 2013, le DSM-5, la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux a classé la dysmorphophobie parmi les Troubles Obsessionnels Compulsifs et connexes.  

Le trouble dysmorphie corporelle

Au trouble de dysmorphie corporelle, qui appartenait dans le DSM-IV à la catégorie des troubles somatoformes, a été ajouté un critère diagnostique qui décrit des comportements répétitifs ou des actes mentaux en réponse à des préoccupations concernant des défauts perçus de l’apparence (ce nouveau critère reflète la nature obsessionnelle-compulsive du trouble). Un spécificateur avec dysmorphie musculaire est ajouté pour identifier une particularité relativement fréquente qui touche principalement les hommes.

A la différence du DSM-IV, la variante délirante du trouble n’est plus codée comme étant à la fois un trouble délirant de type somatique et un trouble dysmorphique corporel; dans le DSM-5, cette présentation est simplement désignée comme un trouble de dysmorphie corporelle avec (spécificateur:) absence de prise de conscience / croyances délirantes.      Psychomedia.qc.ca

Pour connaître les critères diagnostiques de la dysmorphie corporelle, vous trouverez tout les détails en suivant ce lien: forumpsy.net  Pour celles et ceux qui croient que ce trouble ne touche que les femmes, voici une article qui explique un phénomène de plus en plus fréquent chez les garçons, la dysmorphie musculaire ou la bigorexie.

Pour terminer, chacune d’entre nous  venons au monde avec un potentiel de charme et de beauté et il n’en tient qu’à nous de l’entretenir. Sans en faire une obsession, apprécier qui on est,  se sentir en pleine possession de ses moyens, miser sur ses habiletés, développer son charme sont des façons importantes et réalistes de se donner du pouvoir sur sa vie. Quand ma fille était petite, tous les gens qui la rencontraient lui disaient souvent qu’elle était belle.  J’étais faire mais, la connaissant, elle n’était pas seulement belle. C’était important pour bâtir son estime de soi, de nommer et de miser aussi sur d’autres caractéristiques de sa personne : «T’es bonne, t’es drôle, tu as des bonnes idées, tu m’épates, tu as été gentille, et sa préférée, je suis fière de toi!»  Saviez-vous qu’avant l’âge de 6 ans, les enfants gobent inconditionnellement tout ce qu’on leur dit sur eux? Avant 6 ans, les enfants n’ont pas la capacité d’avoir ce regard sur eux-mêmes. Soyez généreux et généreuses de vos compliments et faites en qui ne se rapportent pas seulement à l’apparence physique mais aussi  à la beauté et à la gentillesse du cœur. Ça ne coûte rien et ça fait tellement plaisir!

(c) MérizaJoly

Mise à jour Avril 2014

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